Vous allez être opéré d’une instabilité antérieure de l’épaule. Il s’agit d’une intervention programmée courante dont nous vous exposons ici les principes. Que dois-je faire à la maison avant l’intervention ? Avant l’intervention, il faut vous assurer que vous avez bien arrêté tout traitement qui pourrait gêner la chirurgie, notamment les anticoagulants, selon les consignes du chirurgien et de l’anesthésiste. Dans la mesure du possible, il est préférable que vous arrêtiez de fumer deux heures avant une opération en orthopédie. Cependant, plus la dernière cigarette est fumée bien avant l’intervention, mieux c’est. En effet, le tabac pourrait diminuer les capacités de cicatrisation de votre organisme et augmenter le risque d’infection. En dehors des recommandations faites par votre anesthésiste et votre chirurgien, vous n’aurez pas de précaution particulière à prendre à la maison avant l’opération. Comment me préparer avant l’intervention ? Quelles que soient les modalités de l’hospitalisation, vous devrez être à jeun au moins 6 heures avant l’opération. Les consignes de jeûne vous seront précisées par l’anesthésiste. On vous demandera d’être à jeun la veille au soir si vous êtes opéré le matin. Il est également nécessaire que vous ayez arrêté de fumer 6 heures avant l’opération. Afin de limiter le risque d’infection, vous prendrez une douche avec un antiseptique cutané (povidone iodée par exemple), éventuellement une la veille, et une autre le matin de l’opération. Quelle équipe médicale va me prendre en charge ? Quand et à qui puis-je poser mes questions ? A l’arrivée dans le service, le personnel hospitalier procédera à une vérification de votre dossier (identité, carte vitale, examens demandés en consultation d’anesthésie et imagerie médicale nécessaire au geste chirurgical). Vous serez pris en charge par un(e) infirmièr(e) qui complétera votre dossier lors de votre entrée à l’hôpital et qui pratiquera les soins nécessaires après l’opération. Un(e) aide-soignant(e) vous assistera lors des soins et servira vos repas. L’anesthésiste qui vous endormira le lendemain viendra vérifier avec vous que tout est en ordre. Enfin, généralement, votre chirurgien passera vous voir pour s’assurer que vous êtes prêt pour l’intervention. En Hôpital Universitaire, des internes et étudiants hospitaliers vous prendront en charge sur le plan médical. Dans d’autres structures il peut y avoir des médecins de salle. Chaque membre de l’équipe est un interlocuteur à qui vous pourrez poser les questions qui pourraient encore vous préoccuper ou recueillir des précisions sur l’intervention et ses suites. J’ai passé des examens, dois-je les apporter ? En principe, votre chirurgien vous aura prescrit des radiographies de l’épaule ainsi qu’un examen permettant d’analyser précisément l’articulation de l’épaule (IRM, Arthro-IRM ou Arthro-scanner de l’épaule). Il est important de rapporter tous les examens ayant permis de faire le diagnostic de rupture des tendons de la coiffe des rotateurs. Il vous faudra apporter également tous les examens demandés par votre anesthésiste. En quoi consiste la consultation pré-anesthésique ? La consultation anesthésique a lieu au minimum 48h avant l’intervention. L’anesthésiste fera le point sur votre dossier médical, vos antécédents et votre état de santé actuel en vue de l’opération. Il vous expliquera le type d’anesthésie réalisé. Il répondra à vos questions sur les risques et le déroulement. Si nécessaire il vous donnera des consignes en vue de l’arrêt transitoire de médicament pouvant être dangereux lors de la chirurgie, comme les anticoagulants. De quelle anesthésie devrais-je bénéficier ? On peut pratiquer cette intervention chirurgicale, sous anesthésie loco-régionale, générale ou sous anesthésie générale complétée par une anesthésie loco-régionale. L’anesthésie loco-régionale endort transitoirement les nerfs de votre épaule et de votre bras afin de réaliser l’opération et de limiter les douleurs une fois celle-ci terminée. Combien de temps l’intervention dure-t-elle en général ? Cette opération dure entre 30 minutes et 1 heure. Est-ce que la chirurgie ambulatoire est possible ? Selon les habitudes du service, vous pourrez être pris en charge en ambulatoire ou en en hospitalisation traditionnelle. La prise en charge ambulatoire vous permettra d’arriver à l’hôpital le matin de l’intervention et de rentrer chez vous le jour même. Des consignes et des explications vous seront alors données. En cas d’hospitalisation traditionnelle, vous serez généralement hospitalisé la veille de l’opération et pourrez rentrer chez vous le lendemain de l’intervention. Quoiqu’il en soit, aucun des deux types d’hospitalisation n’impactera les résultats de votre opération. Où se situe mon problème ? Explications anatomiques Partie du corps concernée L’épaule est une articulation constituée de l’extrémité supérieure de l’os du bras (humérus) qui s’articule avec l’omoplate au niveau de la glène. Ces deux os sont reliés l’un à l’autre par des tendons et une sorte de poche fibreuse constituée des ligaments et de la capsule articulaire. L’épaule est une articulation très mobile qui nécessite d’être continuellement maintenue en bonne position par les ligaments et la capsule articulaire ainsi que par un anneau fibreux qui entoure la glène de l’omoplate (le bourrelet glénoïdien) Quel est le problème ? Votre épaule est instable et a tendance à se déboiter vers l’avant. On parle de luxation antérieure lorsque la tête de l’humérus part vers l’avant et n’est plus en contact avec la glène de l’omoplate. Lorsque la tête de l’humérus a tendance à partir vers l’avant mais sans aboutir à une luxation, on parle de subluxation. Voici des clichés radiologiques vous permettant de faire la différence entre épaule normale et épaule luxée. Quelles en sont les conséquences ?
Les épisodes de luxation ou subluxation abiment les éléments stabilisateurs de l’épaule (ligaments, capsule et bourrelet glénoïdien) ce qui augmente le risque d’une nouvelle luxation. Lors d’une luxation, la tête de l’humérus peut heurter la glène et provoquer une fracture de glène ou une déformation de la tête de l’humérus. Si vous vous êtes luxé l’épaule une première fois, vous êtes à risque d’avoir un nouvel épisode de luxation ou de subluxation. Il est possible que vous n’ayez qu’une seule luxation d’épaule dans votre vie, mais le taux de récidive reste élevé. Plus on est jeune au moment de la première luxation et plus on risque d’avoir une nouvelle luxation au cours de sa vie. Quels sont les différents traitements ? S’il s’agit de votre premier épisode de luxation, le médecin ou le chirurgien qui vous aura remis l’épaule en place vous immobilisera l’épaule dans une écharpe bras contre le corps. Dans certains cas, votre chirurgien peut vous proposer une opération dès la première luxation. Votre épaule reste instable et vous avez eu plusieurs luxations ou subluxations : votre chirurgien peut vous proposer une chirurgie stabilisatrice de l’épaule. Votre chirurgien choisira le type d’intervention en fonction de votre âge, de vos activités et sports pratiquées ainsi que des lésions retrouvées sur les examens d’imagerie prescrits. Intervention de Bankart Le but de cette intervention est de retendre la capsule articulaire et de la refixer, avec le bourrelet glénoïdien en bonne position. L’intervention peut se dérouler « à ciel ouvert » ou sous arthroscopie.
Votre chirurgien utilise une portion d’os de votre épaule (la coracoïde) sur laquelle est fixé un tendon. Le fragment est fixé à la partie antérieure de la glène. L’effet stabilisateur de l’épaule est double, obtenu grâce à l’apport osseux et au tendon. Dans la plupart des cas, cette intervention est réalisée à ciel ouvert, mais des techniques sous arthroscopie ont été développées, avec des résultats semblant comparables. Pourquoi faut-il opérer ? Les épisodes d’instabilités de l’épaule peuvent augmenter le risque d’usure de l’articulation de l’épaule (arthrose). Chaque épisode de luxation entraine également un risque, rare mais possible, de lésion des nerfs ou des vaisseaux qui passent devant l’épaule. Enfin, seule la chirurgie peut permettre de stabiliser l’épaule en cas d’instabilité récidivante Comment serai-je suivi après l’intervention ? Votre bras sera immobilisé dans une écharpe après l’opération. Et au réveil, où serai-je ? Après l’opération vous serez en salle de surveillance post-interventionnelle (salle de réveil). L’objectif est de s’assurer de la reprise de vos fonctions après l’anesthésie générale. Sauf problème majeur, vous remonterez rapidement dans votre chambre d’hospitalisation. Vais-je avoir mal ? Les douleurs dans l’épaule diminuent progressivement au cours des premières semaines. Comme souvent après une intervention au niveau de l’épaule la période de convalescence peut prendre plusieurs semaines. Que puis-je attendre de l’intervention ? Le but de l’opération est de stabiliser votre épaule. Les éléments refixés mettent plusieurs semaines à cicatriser, aussi vous mettrez du temps avant de sentir l’ensemble des bénéfices attendus de cette opération. Quels sont les risques ? Les risques liés à la chirurgie pour instabilité antérieure de l’épaule existent mais sont faibles. Comme pour toute intervention chirurgicale, il peut y avoir des complications liées à l’anesthésie générale et qui dépendent de votre état de santé et des pathologies associées dont vous souffrez. L’atteinte de nerfs ou de vaisseaux sanguins est exceptionnelle, mais peuvent avoir des conséquences sur le fonctionnement de votre bras ou de votre main. Dans certains cas, une raideur de l’épaule peut survenir après l’opération avec au maximum survenue d’une capsulite rétractile ou d’une algodystrophie. Il est fréquent d’avoir une petite raideur de l’épaule qui disparait avec le temps. Des exercices de kinésithérapie peuvent aider. Dans tous les cas, il est important de ne pas forcer sur l’épaule et de limiter au maximum la douleur en prenant des antalgiques pour ne pas favoriser ces problèmes de raideur. Enfin, il existe, comme pour toute intervention chirurgicale un risque d’infection. Une infection de l’épaule après opération nécessite généralement une ré-intervention pour lavage de l’articulation et une prise prolongée d’antibiotiques. Les récidives après opération sont possibles et peuvent survenir plusieurs mois ou années après la première intervention. Si tel est pas le cas, votre chirurgien pourrait vous proposer une nouvelle intervention. Quels seront les soins nécessaires ? Il faudra protéger la zone opérée. L’infirmièr(e) réalisera des soins au niveau des cicatrices et refera le pansement dans les premiers jours après l’opération. Généralement, des soins de cicatrices sont également nécessaires à domicile et devront être réalisés par un(e) infirmièr(e). Il peut être utile d’avoir pensé à contacter un(e) infirmièr(e) avant l’intervention afin de prévoir des rdv en post-opératoire. Aurai-je une cicatrice ? Si l’intervention est réalisée à ciel ouvert, vous aurez une cicatrice sur l’épaule d’environ 5cm de long. Elle est située en avant, au niveau de la bretelle d’un débardeur ou d’un soutien-gorge. Si l’intervention est réalisée sous arthroscopie, vous aurez de petites cicatrices au niveau de l’épaule. La cicatrice devra nécessiter une attention particulière dans les premiers jours pour éviter l’infection, et dans les semaines qui suivent pour une parfaite cicatrisation. Combien de temps vais-je rester couché ? Généralement, le premier lever se fait le jour même de l’opération, à l’aide du personnel soignant (infirmiers, kinésithérapeutes). Quand est-ce que je peux rentrer chez moi ? En cas d’hospitalisation traditionnelle, la sortie se fait en moyenne le lendemain ou le surlendemain de l’opération. Pourrai-je conduire, faut-il me faire raccompagner ? Vous ne pourrez pas conduire immédiatement, quelqu’un devra vous accompagner pour la sortie. Vous ne pourrez pas conduire pendant la période d’immobilisation de votre épaule. La reprise de la conduite automobile, tout comme le sport, sera déterminée par votre chirurgien. Est-ce que je vais être immobilisé ? Les éléments refixés mettent du temps à cicatriser et il est important d’immobiliser votre épaule pour ne pas les arracher. Votre épaule sera donc immobilisée et mise au repos dans une écharpe après l’opération. La durée d’immobilisation est en moyenne de 4 à 6 semaines mais peut varier selon la rupture et les habitudes de votre chirurgien. L’écharpe peut être retirée pour vous laver et vous habiller. Quelle sera ma mobilité après l’opération ? Votre chirurgien définira avec vous un protocole de rééducation en tenant compte de votre pathologie et des constatations opératoires. Ce protocole précisera la durée d’immobilisation, et les exercices à réaliser. Il est très important que vous suiviez bien les consignes de votre chirurgien, sans jamais forcer sur votre épaule pendant la période de convalescence. Quel sera mon délai de rétablissement ? Comme après toute opération de l’épaule, il existe une période de convalescence assez longue après chirurgie pour instabilité de l’épaule. Vous pourrez bouger normalement au bout de 2 à 3 mois après l’opération et la récupération complète de l’épaule apparait souvent à partir du 6mois post-opératoire Aurai-je un arrêt de travail ? Un arrêt de travail de plusieurs semaines est généralement prescrit. La durée de convalescence dépend de votre profession et de votre rétablissement post-opératoire. Quand reverrai-je le chirurgien ? Vous reverrez votre chirurgien lors de la visite de contrôle quelques semaines après l’intervention. Avertissement : Cette fiche a été rédigée par un chirurgien spécialiste de ce type d’opération. Cependant, selon la gravité des pathologies et votre profil, certains éléments peuvent être amenés à être modifiés par votre chirurgien. Dans tous les cas c’est à son avis qu’il convient de se référer. Les commentaires sont fermés.
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Mai 2018
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